-bonjour Adrien, on s’est rencontré au centre Oxygers, lors de ta venue sur la Route d’Occitane 2019… peux tu te présenter en quelques mots…
Bonjour, je suis donc Adrien Guillonnet, 27 ans, actuellement coureur professionnel dans l’équipe St Michel - Auber 93. J’ai débuté le cyclisme en compétition il y a une dizaine d’années à Marcoussis dans le club de ma ville, j’ai progressé et grimpé les échelons petit à petit au fil des ans pour arriver à mon niveau de pratique actuel. J’ai notamment couru au plus haut-niveau amateur entre 2013 et 2018 au VC Toucy puis au SCO Dijon, avant de rejoindre le niveau Continental avec l’équipe Interpro Cycling Academy en 2019 et l’équipe St Michel - Auber 93 depuis 2020. C’est en 2019 lors de ma participation à la route d’Occitanie que j’ai pu découvrir le village d’Arreau pour un départ d’étape ainsi que le centre Oxygers qui a hébergé mon équipe pour deux nuits.
-raconte cette véritable passion pour le cyclisme…
Depuis mon enfance j’ai toujours fait du vélo, pour le loisir d’abord, puis j’ai voulu essayer la compétition, car j’ai toujours toujours aimé le sport et pratiqué un sport en club. Mes débuts ont plutôt été satisfaisants, j’ai donc poursuivi dans cette voie, sans objectif particulier autre que celui de me faire plaisir. Finalement alors que ce n’était pas une volonté en soi, j’ai eu l’opportunité de devenir professionnel et je profite de la chance de vivre cette expérience. Pratiquer ce sport à haut-niveau me fait parcourir chaque jour ou presque une centaine de kilomètres, rien de mieux que pour découvrir une région à travers le moindre chemin du réseau routier. Ainsi le vélo m’a permis et me permet de découvrir la France et la diversité de ses territoires, que ce soit à l’entrainement ou en compétition. Cela permet aussi de voir et d’être en contact avec la nature, de profiter des paysages diversifiés. Le tout uniquement à la force de ses jambes. C’est un des grands atouts de ce sport et j’en profite quotidiennement. Même si je n’ai rien contre les plaines céréalières, je préfère la montagne, et grâce au vélo le Francilien d’origine que je suis a la chance de pouvoir découvrir un peu plus le charme des hauts-reliefs. Bien que cela ne soit pas toujours facile de se hisser en-haut des cols, l’effort vaut le coup et c’est toujours plaisant finalement.
-parle nous un peu des cols pyréneen….
Je ne connaissais pas les Pyrénées avant 2016 et ma première participation au Tour du Piémont Pyrénéen. J’avais vu quelques images à la télévision, en particulier lors du Tour de France, mais je n’étais jamais venu dans la région. J’y ai notamment découvert les cols du Soulor et de l’Aubisque. Lors de la Route d’Occitanie 2019 et 2020, je me suis hissé au Port de Balès, au col de Peyresourde, à la Hourquette d’Ancizan, à l’Hospice de France, à Beyrède. Je connais d’autres cols de nom, le Tourmalet par exemple, mais ils me sont encore inconnus sur le terrain.
Les cols pyrénéens me paraissent globalement assez sauvages, on se retrouve vite dans le calme préservé de la montagne. C’est une ambiance un peu différente que celle des Alpes que je connais mieux. Au sommet on peut avoir l’impression de se retrouver un peu au milieu de nulle part. Ou au milieu d’un troupeau de bétail comme cela m’est arrivé en course au passage de l’Aubisque. Malheureusement je n’ai jamais trop pu profiter de cela car toujours dans un contexte de compétition, mais cette ambiance doit vraiment être agréable en n’étant pas en plein cœur de l’action et j’aimerais bien la découvrir pleinement. Cependant ce décor se mérite, il faut grimper assez longuement, parfois dans des pentes assez raides, mais c’est aussi ça le charme de la montagne. Une belle expérience sportive et sensorielle.
-peux tu nous dire quelques mots sur Oxygers, Arreau et sa région…et sa position stratégique au milieu des cols mythiques du tour de France….
J’ai donc découvert Arreau et le Centre Oxygers lors de la Route d’Occitanie 2019. Un court passage car nous arrivions en fin de journée après l’étape à l’hébergement, puis nous repartions le lendemain matin pour une nouvelle étape. Mais cela m’a suffi pour apprécier le charme de ce village d’Arreau, niché au cœur des montagnes, avec les reliefs verdoyants qui ne demandent qu’à être escaladés pour se révéler encore un peu plus, les cours d’eau descendant de ces sommets et qui traversent le village avant de continuer leur chemin dans la vallée. Le centre Oxygers se situe en sortie du village, sur une petite route tranquille, avec un grand espace de verdure qui permet de profiter au mieux du cadre et de la vue. Les enfants (et les plus grands) peuvent aussi profiter de cet espace pour des activités de plein air. Les deux dîners qui nous ont été servis étaient idéaux pour se remettre des efforts de l’étape du jour et préparer ceux du lendemain.
Le centre Oxygers et Arreau étant placé au pied des montagnes, de nombreux cols très intéressants sont à gravir aux alentours et certains sont devenus des classiques des courses cyclistes, en particulier du Tour de France. Ainsi, Tourmalet, Peyresourde, Aspin, Hourquette d’Ancizan, Portet sont des noms qui évoquent la Grande Boucle. Ils sont tous situés autour d’Arreau et au programme du Grand Huit des Pyrénées. Mais ce ne sont pas les seuls, et on retrouve une grande diversité d’ascensions, que ce soit avec leur altitude culminante, leur longueur, leur pente, leur difficulté, leur route, leur paysage etc. Il y a de quoi satisfaire tout le monde. Arreau est donc un point de départ idéal pour escalader de nombreuses ascensions mythiques, découvrir et enchainer toutes ces montées grâce à cette concentration de cols dans une zone géographiquement restreinte et magnifique.
-as tu un petit conseil ou astuce à l’attention des participants du Grand Huit concernant ta façon d’aborder un col…..
Avant d’aborder un nouveau col, en général je me renseigne sur sa distance, sa pente et sa durée approximative d’ascension selon le niveau d’effort que je vais produire. Connaître le pourcentage de la pente est important pour savoir quel braquet utiliser afin d’éviter de se retrouver avec un développement minimum trop grand. Mais il faut parfois se méfier des pourcentages moyens qui peuvent cacher des pentes irrégulières. Connaître la régularité du col est aussi un moyen de prévoir son effort, de savoir s’il va être régulier tout le long, ou si on va pouvoir profiter de pentes plus douces pour souffler un peu et mieux prendre le temps de s’hydrater, de s’alimenter, de profiter des paysages. Car un col prend plusieurs dizaines de minutes, voire plusieurs heures à être gravi. Il ne faut donc pas oublier de boire et de fournir du carburant régulièrement à son organisme pour continuer à produire cet effort assez soutenu pendant une longue durée, sous peine d’arriver plus tôt à l’épuisement, de ne pas pouvoir terminer l’ascension ou de ne pas pouvoir enchaîner les éventuelles ascensions suivantes. Mais tout cela dépend aussi de son niveau, de son entrainement etc. Il faut apprendre à connaître son organisme, son fonctionnement, ses réactions. C’est pour cela que les premières expériences de grimpée de col peuvent donner des surprises, bonnes ou mauvaises, et qu’il vaut mieux ne pas trop se surestimer pour éviter les mauvaises. C’est aussi à cela que la durée approximative d’ascension m’est utile : optimiser mon effort. Car plus un effort est long, moins il peut être intense. Avec de l’expérience on sait à peu près quelle intensité d’effort produire pour une certaine durée, cela évite de partir trop vite au pied du col, de ne pas s’en rendre compte tout de suite car on se sent bien, puis de baisser en régime et avoir une défaillance.
En général j’essaye d’aborder les ascensions avec mes bidons remplis, notamment lors des chaleurs estivales, l’effort étant assez long et conséquent, d’autant plus qu’il n’est pas toujours possible de trouver un point d’eau avant de redescendre. De plus selon la météo, j’emporte des vêtements plus chauds et protecteurs qu’un simple maillot, même lorsque les températures sont douces à basse altitude, car d’une part l’effort de l’ascension donne chaud, mais une fois celui-ci terminé et les températures (parfois beaucoup) plus fraiches de l’altitude atteintes, on peut avoir très rapidement froid au sommet puis dans la descente. D’autre part en saison estivale on n’est pas à l’abri d’un développement orageux assez soudain qui peut surprendre et mettre dans des conditions délicates. Je n’hésite donc pas non plus à regarder le développement des nuages dans le ciel et si besoin à regarder les radars de précipitations pour m’éviter des situations compliquées voire dangereuses.
Enfin, même si l’ascension est difficile, il faut toujours essayer de profiter de ce défi contre soi et contre la montagne, graver ces moments en soi, la satisfaction sera toujours au rendez-vous à la fin et même encore plus belle lorsqu’elle est acquise dans la difficulté.